La forêt

De l’importance de penser écosystèmes : l’exemple de la forêt

L’immersion dans le paysage forestier est plus que jamais recommandée… et pour cause : nous avons tout à (ré) apprendre de la forêt. Enfilez donc une bonne paire de bottes et éclipsez-vous dans la forêt la plus proche !

La forêt, le bois, deux sujets d’actualité qui, une fois de plus, ont fait les unes internationales estivales.

Il brûle et réchauffe en hiver, il peut brûler et détruire en toutes saisons, mais davantage en été. Paradoxe deyrollien : c’est au beau milieu du mois de février que les flammes se sont emparées du 46 rue du Bac. Loin de nous avoir fâchés avec ce noble matériau, le bois nous fascine, et ses racines, les forêts, nous tiennent en haleine.

La forêt, cette vaste étendue couverte d’arbres est garante de la vie. Sauvage, feuillue, sèche, tropicale, isolante, replantée, exploitée, sanctuarisée, claire ou foncée, la forêt recèle de nombreux aspects. La diversité des essences qui la composent ont autant de vertus connues telles la capture de dioxyde de carbone par photosynthèse, le maintien de la qualité de l’eau et la protection des sols, que de vertus moins communément évoquées comme l’importance de la forêt à l’échelle micro-locale pour les populations environnantes ou encore la garantie d’une diversité des espèces et de leur santé. Plus encore, la forêt régit de nombreux paramètres nécessaires au bon fonctionnement de la planète et de ses habitants. Abritant et protégeant une biodiversité incroyable, sa richesse est inestimable. La forêt est un écosystème — système formé par un environnement (biotope) et par l’ensemble des espèces (biocénose) qui y vivent, s’y nourrissent et s’y reproduisent, et un noble symbole de longévité et constance .

Pour les fervents observateurs du vivant, la forêt est également un vivier de ressources et d’inspirations. Ainsi, les études et recherches se multiplient-elles. Dans son remarquable ouvrage Natura, la journaliste et réalisatrice Pascale d’Erm interroge de nombreux chercheurs sur l’impact de la forêt sur l’homme et brosse le portrait de la sylvothérapie. Selon de nouvelles études scientifiques, la forêt stimulerait notre immunité naturelle, elle réajusterait nos paramètres physiologiques et le contact avec le bois impacterait notre humeur. Longtemps associés aux savoirs ancestraux réservés aux druides, l’exploration des bienfaits thérapeutiques de la forêt revient au pas de course.

La forêt est également un lieu de rencontres. Loin de la ville, la balade en forêt n’est pas une nouveauté. Cueillettes de champignons, marche en famille, entretien du bois, écoute du brame du cerf, promenades à l’affut des châtaignes… C’est un lieu qui rythme la vie, un lieu créateur de liens. Peut-être nous en sommes-nous un peu trop éloignés, peut-être est-ce le moment d’y retourner, de se reconnecter.

Si nous avançons un cran plus loin dans l’observation de la forêt, nous nous apercevrons aussi de l’intérêt commun de s’inspirer de cet écosystème à part entière. Les arbres ne poussent pas en une nuit, la forêt ne naît pas en sept jours, la planète, elle, en revanche s’essouffle rapidement . Bien que l’eucalyptus (eucalyptus globulus), le saule (salix), le mélèze du japon (larix kaempferi) ou encore le peuplier (populus) pour n’en citer que quelques-uns, grandissent relativement rapidement comparés à d’autres variétés, il faut compter plusieurs dizaines voire centaines d’années pour qu’un arbre atteigne sa taille adulte. S’adosser à l’horloge de la forêt, fonctionner en biomimétisme, c’est avant tout s’engager dans une approche de long terme et adopter une vision systémique qui dépasse nos saisons.

Respecter les particularités locales, être à l’écoute de la temporalité des arbres et empêcher une surexploitation forestière alogique permettrait donc de conserver les vertus forestières, de préserver cet écosystème auquel nous appartenons.

La forêt est un fidèle symbole du vivant, de sa pérennité. Préserver et cultiver les forêts c’est donc penser écosystème. Prendre soin des forêts, c’est aussi prendre soin des autres et de soi.

 

Par Andréa Losi